► La Méguila d’Esther, éd. bilingue français-hébreu, illustrée par Gérard Garouste. Éd. Hermann, 2016.
Le rouleau d’Esther est-il un document « religieux » ? Cette question peut paraître incongrue, voire saugrenue, puisque le livre d’Esther figure dans le canon biblique et que sa lecture fait partie intégrante du calendrier rituel de la synagogue, au point de constituer l’un des commandements rabbiniques de la fête de Pourim. Et pourtant… certains biblistes contemporains ont émis l’hypothèse que cet écrit était d’inspiration foncièrement profane. Entendons-nous : profane et non profanatoire. L’existence de Dieu n’y est pas niée, ni Son hégémonie contestée, mais simplement ignorée ou, en tout cas, tenue à l’écart de la trame événementielle. Pourquoi dès lors ce texte a-t-il été sacralisé ? Quel message indicible recèle-t-il ? Deux exégètes, Rivon Krygier et Martin S. Cohen, ainsi qu’un artiste, Gérard Garouste, livrent ce que ce texte leur inspire.
► Se rire du destin. Farce pour Pourim. Traduit, présenté et annoté par Nathan Weinstock. Éd. Matanel, 2016.
Le Rouleau d’Esther nous relate qu’Haman, haut dignitaire du roi perse Assuérus, avait projeté d’exterminer tous les Juifs du royaume, complot que surent déjouer in extremis la reine Esther et son cousin Mordekhay (Mardochée). Ce récit biblique est commémoré chaque année lors de la fête de Pourim (« du destin » ou « des sorts ») qui revêt l’allure d’une célébration carnavalesque. Depuis les Temps Modernes, l’usage s’est répandu dans le monde ashkénaze de donner à cette occasion des représentations dramatiques (les Purimshpiln), jeux de scène burlesques préfigurant la naissance du théâtre yiddish au XIXe siècle. Le texte le plus ancien qui nous soit parvenu fut consigné par écrit en 1697 : il s’agit du Jeu d’Assuérus, traduit ici pour la première fois.
On rappellera à cette occasion la sortie, en 2015, d’une autre publication pourimesque :
► La Meguilla d’Itsik. En 1936 à Varsovie, Itsik Manguer publiait ses Megile-lider (Chants sur le Rouleau d’Esther), cycle poétique parodique, transposant l’intrigue du Livre d’Esther, lu chaque année dans les synagogues lors de Pourim, dans une petite monarchie balkanique de la fin du XIXe siècle. Plus tard adaptés en pièce musicale, les textes sont mis en scène et en musique. Ce livret, édité par le Centre Medem-Arbeter Ring, est l’adaptation littéraire de cette opérette. L’ouvrage comporte le texte original de Manguer, en yiddish, et sa traduction française, repoétisée par Bernard Vaisbrot. 27 aquarelles de Shmuel Bunim égayent les différentes saynètes, mêlant aux personnages du Rouleau d’Esther des figures contemporaines. Les partitions de la musique originale du compositeur israélien Dov Seltzer complètent le livret.