Le nom de cet ensemble de manifestations festives et populaires à caractère parodique est composé de deux mots : l’un en hébreu, « Pourim », qui dénote la fête (au printemps) qui leur a donné lieu ; l’autre en yiddish, « shpil », qui signifie « jeu, jeu de scène ». Cette tradition carnavalesque juive multiséculaire vise à représenter, souvent de façon humoristique et avec des clins d’œil plus ou moins ironiques à l’actualité de la communauté qui le monte, l’événement fondateur de la fête, et qui est décrit dans le Livre d’Esther de l’Ancien testament : on y trouve tous les ingrédients d’une pièce à rebondissements – désir, amour, jalousie, trahison… mais aussi l’entrelacs souvent périlleux entre les sphères politique et personnelle chez les grands de ce monde. Tout est bien qui finit bien, d’où cette fête (presque) débridée qui exprime un réel soulagement.
Il pourrait sembler curieux qu’on ait utilisé le terme de « carnavalesque » pour qualifier cette tradition, puisqu’il dénote la période précédant le Carême chrétien. Mais non seulement il en partage le sens de « bouffonnerie plus ou moins grotesque », mais la période à laquelle il a lieu est curieusement comparable dans les calendriers juif et chrétien : la fête de Pourim précède d’un mois jour pour jour la Pâque juive, tandis que le Mardi gras a lieu un mois et demi avant Pâques – en 2014, les 16 et 4 mars respectivement, et donc précédant de peu l’équinoxe de mars…
Les textes de cette section ont été prononcés au cours de la présentation du projet Pourim Shpil Unesco à l’Hôtel de Ville de Paris, le 12 décembre 2013.